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On qualifie d’organisation borderline, une organisation, ou un aménagement psychique, qui dans une perspective analytique, n’appartient ni vraiment au champ de la névrose, ni de la psychose.

La personnalité borderline, se caractérise, de façon non exhaustive, par la symptomatologie suivante:

  • Angoisse d’abandon/rejet ++++
  • Instabilité de l’humeur sur un court laps de temps (- de 24h) se caractérisant par une alternance entre un trop plein d’émotions (colère souvent mais pas seulement) et un profond sentiment de vide ++++
  • Hémorragie narcissique (sentiment que l’estime de soi fonctionne tel un panier percé, appelant des besoins de validations et réassurance par ses proches, sa famille, ses collègues, ses supérieurs, ses amis, et ses conjoints ou conjointes +++
  • Intériorisation de mauvais objets internes, dévalorisant et attaquant le narcissisme du sujet de l’intérieur (intériorisation du discours parental dévalorisant, trop exigeant…) ++++
  • Impulsivité +++
  • Intolérance à la frustration ++
  • Tendance aux addictions ++
  • Tendance aux conduites à risques ++
  • Tendance à l’alternance entre idéalisation et dévalorisation d’autrui ++
  • Immaturité affective +++
  • TCA (troubles du comportement alimentaire) ++
  • Scarifications et/ou automutilations ++

On retrouvera très fréquemment dans l’histoire du sujet borderline, des évènements plus ou moins traumatiques (effractions sexuelles, harcèlement scolaire…), et tout aussi fréquemment sinon plus, un dysfonctionnement au niveau de la constellation familiale. Ces dysfonctionnements seront parfois patents (maltraitance, perversion …), parfois beaucoup plus subtils mais néanmoins toxiques (parents trop exigeants, qui rendent leurs enfants captifs de leurs propres attentes, parents immatures, dépendant narcissiquement de leurs enfants, parents qui assujettissent ces derniers à un amour sous condition…)

Bref, ces vicissitudes oblitèrent la capacité de l’enfant à se subjectiver complètement, l’entretient dans une captation, dont toute velléité d’émancipation sera perçu comme signe de rébellion, de trahison. D’où le caractère très ambivalent du lien unissant ces patients à leurs parents, lien à la fois toxique et disqualifiant, source de frustration et de colère chez les patients, mais aussi indispensable à la survie psychique des uns comme des autres.

Si Otto Kernberg distingue, parmi les organisations limites, et à juste titre, les états-limites, et les personnalités narcissique (états-limites ou borderline qui font l’économie d’une certaine souffrance via des mécanismes de défenses disons plus efficaces), mon expérience m’a pour ma part amené à distinguer sur un autre plan, deux catégories de borderlines.

La première, peut-être la plus souffrante, dans laquelle prévaudront les tentatives de suicide, les automutilations, les TCA, les conduites à risque visant une répétition traumatique, et où l’on rencontrera les cellules familiales les plus effractantes et perverses.

L’autre à la symptomatologie moins spectaculaire et bruyante, mais dont les sujets, bien que souvent socialement plus adaptés, demeurent en proie à la même angoisse d’abandon, la même instabilité de l’humeur, la même hémorragie narcissique, et pour laquelle la disqualification parentale sera généralement plus subtile, moins agressive et hostile.

En effet, dans une perspective analytique (et TCC), le caractère central de l’angoisse d’abandon, avec son corollaire d’instabilité de l’humeur et d’hémorragie narcissique, constituent les critères sine qua non pour pouvoir parler d’organisation borderline. Ce qui explique que cette seconde catégorie de patients, aux symptômes plus discrets, mais à la souffrance tout aussi réelle, tend à passer sous les radars de la psychiatrie, qui de nos jours s’attelle surtout aux symptômes les plus manifestes afin d’énoncer ses diagnostics (et ce dans une approche un peu QCM qui se fait aux dépens des aspects plus psychodynamiques).